Emmanuel Hedouin, pourriez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours en quelques mots ?
Après avoir fait des études d’ingénieur, j’ai commencé ma carrière en France, chez PSA Études et Recherche, travaillant sur différents sujets liés à l’architecture électrique des nouveaux véhicules du groupe. J’ai notamment été chargé du développement de composants et de faisceaux électriques et ensuite d’équipements en lien avec le design du véhicule : les projecteurs et feux, par exemple.
Après 16 années passées en France, vous avez décollé pour le Brésil - pouvez-vous nous en dire plus ?
A la suite du projet de notre haut de gamme C6, il m’a été proposé de continuer ma mission au Brésil, pour y développer une partie du bureau d’étude ainsi que des partenariats locaux. Cette nouvelle aventure s'est révélée passionnante, avec de très nombreux recrutements pour atteindre près de 200 personnes, avec une forte composante multiculturelle en créant des entités au Brésil à Porto Real, São Paulo et en Argentine, à Palomar. Le cœur du bureau d’étude étant à São Paulo, je m’y suis établi.
Nous avons ensuite développé la cellule innovation de PSA en Amérique latine, avec notamment des accords clés, comme celui avec la FAPESP (la fondation de soutien à la recherche de l’état de São Paulo) ou son pendant à Rio (la FAPERJ), et de très nombreux projets avec des universités, jusqu’à créer des OpenLabs dans certains domaines d’expertise, sans oublier le développement de l’Open Innovation aussi en interne, en lançant un incubateur pour les collaborateurs sur tous les sites d’Amérique Latine.
Que faisiez-vous exactement au sein de cette cellule innovation chez PSA ?
Nous nous sommes concentrés dans un premier temps sur le développement de projet de recherche sur l’éthanol, caractéristique clé au Brésil, ainsi que sur le renforcement de la sécurité des utilisateurs de nos véhicules en Amérique du Sud. Nous avons ainsi pu développer un Centre et Compétence sur l’éthanol et un intéressant projet répondant à un appel du BNDES (La Banque Nationale de Développement Économique et Social) sur le thème “IOT and Smart City” dans lequel des solutions aux problématiques d’insécurité, d’agression et de kidnappings ont été proposées et sont en cours de test avec les principaux acteurs de la ville connectée..
Ce sont en effet des sujets d’importance majeure, intrinsèquement liés au futur de la mobilité et à la ville de demain. Avec qui avez-vous collaboré sur ces réflexions ?
Grâce à la Direction de la Recherche et de l’innovation, j’ai été en contact avec l’Institut pour la Ville en Mouvement, dans le but de réfléchir sur le futur de la ville aux côtés de chercheurs et d’universitaires. J’ai eu le plaisir d’accompagner l’établissement de l’Institut au Brésil en tant que membre de son comité exécutif. Nous avons ainsi réalisé d’intéressants challenges avec des étudiants, par exemple en nous penchant sur l’avenir de la mobilité à São Paulo en 2030, en imaginant une présence de plus en plus importante de véhicules électriques et pourquoi pas autonomes dans la ville. Nous avons également collaboré avec des étudiants de l’Ecole de Design de Nantes en master à São Paulo sur les questions de conciergerie, de last mile delivery et d’aéro-mobilité (São Paulo étant un formidable terrain de jeu avec plus de 450 héliports!). J’ai énormément apprécié ces échanges, très enrichissants et apportant des points de vue et des expertises différents; ils nous ont permis de progresser dans la réflexion en développant des cas d’usage vraiment ancrés dans le contexte et les problématiques locales.
Je suis convaincu que les réflexions autour de la ville de demain et de l’électrique méritent d’être travaillées dès maintenant au Brésil, qui offre de formidables opportunités pour des innovations et des expérimentations . Le contexte est bien particulier, en raison, notamment, de l’utilisation très largement répandue dans le pays de l’éthanol comme carburant pour nos véhicules. Une énergie renouvelable avec un réseau de distribution vaste et déjà installé. Alors, comment imaginer une transition vers l’électrique dans un marché où le véhicule électrique reste pour l’instant un rêve de consommation encore très coûteux et donc majoritairement inaccessible ? Voilà un thème qui mérite réflexion et propositions; c’est ce que me permet mon projet actuel.
Stellantis fait office de modèle dans les relations qu’elle entretient avec les startups du secteur. Que pensez-vous de ces collaborations entre très grands et beaucoup plus petits, entre David et Goliath ?
Elles sont essentielles et particulièrement enrichissantes, pour les uns comme pour les autres ! et sont devenues une nécessité dans le monde actuel. Pour mener ces collaborations à bien, j’ai travaillé avec des startups dans le cadre du Stellantis Venture Studio : une organisation permettant de rapprocher les meilleures innovations développées par des startups et petites entreprises, avec le grand groupe international qu’est le nôtre. Nous partageons nos connaissances, réalisons des tests grandeur nature, et imaginons ensemble la ville de demain et le futur de la mobilité auprès des plus grands pôles de startups en Amérique du Sud. Les expériences de certaines nous ont amenés à réfléchir sur la conversion à l’électrique des véhicules thermiques, en utilisant des solutions simples et donc financièrement plus accessibles, avec des composants locaux, et en s’inscrivant dans la stratégie « Zéro Carbone pour 2038 » du groupe Stellantis.
Et c’est là que vous tombez dans l’intrapreneuriat… Et que vous avez fait la connaissance d’INSKIP !
Ce projet est en effet, par concours de circonstance, devenu un véritable projet d’intrapreneuriat du Stellantis Venture Studio, que je porte depuis maintenant 9 mois au sein du groupe; il est baptisé Quick Electric! J’ai la chance d’être le premier intrapreneur du groupe à pouvoir bénéficier de l’accompagnement d’INSKIP Entrepreneurs. INSKIP m’offre une oreille attentive, des conseils précieux sur le développement des étapes clés, et un véritable accompagnement sur le business model, les relations avec mes premiers bêta-testeurs, l’approche marché. J’ai aussi, grâce à Linda, qui m’accompagne chez INSKIP, développé un état d’esprit entrepreneurial que je n’avais pas forcément auparavant, et que je nourris semaine après semaine, au fil de mes échanges avec elle.
INSKIP dispose en effet de cette approche à la fois stratégique mais aussi “hands-on”, grâce à laquelle je développe mes compétences au fur et à mesure de nos échanges, en avançant dans ma pensée mais aussi en faisant, moi-même, ce que j’aurais pu par le passé déléguer à d’autres. Linda m’accompagne également sur les réflexions stratégiques de déploiement mais sait également m’apporter un soutien plus opérationnel (comme dans le cadre d’interviews d’utilisateurs) quand il le faut. Je la remercie grandement car son aide et son expertise me sont précieuses- j’exerce en effet désormais un métier complètement différent de ceux de mes missions précédentes. C’est un grand challenge et un immense plaisir, et l’aide d’INSKIP m’est précieuse quant à la structuration de mon développement et de mes idées. Je suis vraiment très chanceux de pouvoir en bénéficier!